Collocations et représentation féminine dans les oeuvres de Colette : Une analyse linguistique et littéraire - Publication - Bridge of Knowledge

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Collocations et représentation féminine dans les oeuvres de Colette : Une analyse linguistique et littéraire

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Sidonie-Gabrielle Colette played a significant role in the development of French literature. Her novels vividly depict independent and self-aware women, thereby reflecting the author herself. Colette’s works have captured the attention of researchers and have been the subject of numerous studies. In this proposed research, an interdisciplinary approach combining literary and linguistic perspectives is adopted to explore Colette’s literature. The objective of this study is to closely examine the portrayal and circumstances of women and girls in Colette’s work, specifically focusing on the nomino-adjectival collocations involving the lexemes femme and fille used by the author in her six novels from the “Claudine” series. These novels serve as prime examples of Colette’s reclamation of autonomy through her writing. The research will culminate in a literary analysis, contrasting the results obtained through the linguistic methodology with the insights gained from a literary approach.

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Category:
Magazine publication
Type:
Magazine publication
Published in:
Academic Journal of Modern Philology no. 19, pages 85 - 103,
ISSN: 2299-7164
Publication year:
2023
DOI:
Digital Object Identifier (open in new tab) 10.34616/ajmp.2023.19.6
Bibliography: test
  1. de la protagoniste, Claudine à l'école décrit ses expériences scolaires et celles de ses camarades féminines, et dans Claudine à Paris, l'héroïne est encore adolescente lorsqu'elle s'éloigne de son cher Montigny.
  2. Colette présente donc tout un échantillon de la jeunesse, et c'est sur cela qu'elle concentre son attention lorsqu'elle compose ses personnages féminins. Claudine ellemême reste, en quelque sorte, suspendue entre l'enfance et l'âge adulte. Selon DelecourtHennart (2016 : 89-91), c'est l'évolution de la relation de l'héroïne avec Renaud qui « marque le passage de l'adolescence à la vie de femme ». Si la rencontre avec Renaud est déterminante dans ce « passage », le processus ne doit pas être uniquement dépendant de son futur mari. Ce que l'auteure montre, c'est un certain épanouissement de la protagoniste et son accession progressive au statut de femme, qui remonte à ses années d'école. Cependant, il est un autre aspect qui pourrait confirmer notre thèse. open in new tab
  3. Le personnage de Claudine peut être décrit comme une femme innocente, l'un des types d'héroïnes préférés de Colette (Ledwina 2018 : 161). D'une part, elle est « dépourvue de raffinement et de manières
  4. défiante, confiante, rebelle » 12 (Ledwina 2018 : 161), d'autre part, elle dit ellemême : « […] ce que je cherche depuis des mois -depuis plus longtemps -, c'était, sans m'en douter, un maître » (Colette 1996 : 229). Chez elle, cette innocence de jeune fille se conjugue avec une sorte de soumission, surtout à l'égard de son mari Renaud. Elle admet : « Je voudrais que Renaud, qui me domine d'une tête et demie, fût plus grand encore. Je voudrais être la fille, ou la femme, d'un Renaud géant, pour me musser au pli de son coude, dans la caverne de sa manche… Tapie sous le pavillon de son oreille, il m'emporterait à travers des plaines sans fin, à travers des forêts immenses, et, pendant la tempête, ses cheveux, sous le vent, gémiraient comme des pins » (Colette 1964 : 142-143). L'héroïne réclame même de son mari une attention paternelle. Elle cherche à dépendre d'un homme beaucoup plus âgé. Il s'adresse à elle à plusieurs reprises en l'appelant « ma petite fille », avec gentillesse, voire une certaine indulgence. C'est alors que Claudine, bien que déjà femme adulte, joue son rôle de petite fille. C'est comme si elle retournait intentionnellement à la sécurité de son enfance pour ressentir à nouveau une insouciance totale. Comme nous l'avons déjà mentionné, Colette est fascinée par la féminité, elle rend hommage aux protagonistes de ses oeuvres pour l'intuition dont elles font preuve en la matière, tout en condamnant les suffragettes pour leur masculinité contrenature (Antonioli 2018 : 68). De plus, elle n'attribue pas cette féminité exclusivement aux représentantes de son propre sexe. La figure de Marcel semble créer un contrepoids au modèle de masculinité le plus accepté de l'époque. Le garçon, avec son « âme de fille coquette » (Colette 1964 : 19), est vénéré par Claudine pour sa délicatesse et sa grâce innées, qualités qui, selon elle, constituent l'élément féminin. Elle remet en question les schémas traditionnels qui tracent une ligne claire entre le « masculin » et le « féminin ». Elle lui dit « […] vous n'exigez pourtant pas que je voie en vous le potache à gros os et à grands pieds qui fera un jour le plus beau des sousofficiers » pour ajouter ensuite : « […] n'êtesvous pas, Dieu merci, presque tout pareil à la plus jolie de mes camarades d'école ? » (Colette 1996 : 58). Cette fascination de Claudine se traduit également dans les relations que le personnage principal établit avec les autres femmes, ce qui influence grandement la manière dont elle les perçoit et dont elle en parle. La dernière observation de notre étude est que l'auteure est plus critique envers les femmes qu'envers les filles. Bien que cette conclusion soit en grande partie exacte, il convient de la reformuler afin d'en rendre le sens plus précis. Cela nous permettra de nous concentrer plutôt sur l'aspect positif mis en lumière par notre recherche, c'estàdire de constater que l'écrivaine est plus flatteuse envers les filles qu'envers les femmes. Un certain culte de la jeunesse transpire des romans de Colette ; l'auteure rend hommage à la fois à la beauté du jeune corps et à une certaine naïveté charmante de la jeune fille. Cela se vérifie dans les comparaisons que l'écrivaine crée pour ennoblir les personnages qu'elle décrit. Tel est le cas, par exemple, d'Anna, qui est « attachante comme une jeune fille » (Colette 1992 : 94), avec « cette grâce de jeune fille qui donne tant d'incertitude et de charme à tous [ses] gestes » (Colette 1992 : 167), ou celui de Marcel, avec ses « cheveux blonds un peu longs, la raie à droite, un teint comme celui de Luce, des yeux bleus de petite Anglaise » (Colette 1996 : 42), ou encore, celui des Parisiennes, « des femmes de quarante ans, maquillées et serrées avec rage, qui ont conservé leur nez fin, leurs yeux de jeune fille » (Colette 1964 : 103). Dans tous ces cas, la comparaison vise à souligner les qualités gratifiantes que les protagonistes partagent avec les personnages de jeunes filles. La jeunesse est identifiée à la beauté, mais aussi à la pureté, qui forment ensemble le modèle déjà évoqué de la femme-innocente. À ce modèle, Colette oppose la vieillesse, qui apparaît comme une invective : « Poisson [...] met un bonnet de nuit qui la fait ressembler à une vieille femme […] » (Colette 1994 : 112). Elle semble être un aspect clairement négatif dans les romans. Elle n'est pas associée à la sagesse, à un accomplissement, à un bagage d'expériences soigneusement accumulées au fil des décennies ; la vieillesse est plutôt une maladie, une déchéance progressive menant à une mort inéluctable. C'est un fardeau qui limite non seulement la personne concernée, mais aussi son entourage. Ceci est très évident dans La Maison de Claudine, où Colette revient sur son enfance et, surtout, sur la figure de sa mère. Cette dernière, ellemême âgée, s'exclame en entendant les bruits de l'enterrement de la vieille Madame Loeuvrier : « Quelle chance, on l'enterre enfin ! Mais non, je ne suis pas féroce ! […] Je dis "quelle chance !" quelle chance qu'il y ait une vieille dame de moins sur la terre… » (Colette 2005 : 105). La peur de la vieillesse n'a pas de sexe dans le roman, un exemple évident étant celui de Renaud, qui, comme Claudine ellemême le note, est un homme « […] que la crainte de vieillir dévore, et qui, devant les glaces, constate avec des minuties désespérées les lacis de ses petites rides au coin des yeux […] » (Colette 1964 : 54). Parfois, il se plaint avec angoisse : « Claudine, mon enfant chérie, que je suis vieux ! Je sens les minutes me rider une à une, ça fait mal, ça fait si mal ! » (Colette 1964 : 84). La vieillesse n'a rien de noble, c'est le début de la fin, une période qui ne mérite aucune attention, où l'on attend l'inévitable. open in new tab
  5. Colette, tout comme Claudine, « incarne […] une femme vraiment féminine, qui célèbre la différence féminine » (Antonioli 2020 : 118). Cette célébration des différences féminines se reflète en effet dans ses romans. Comme le souligne Ledwina (2006 : 105), Colette a créé tout un éventail d'héroïnes : des filles naïves et conscientes de leur charme, des épouses soumises et obéissantes, des femmes libérées et audacieuses, jalouses, passionnées, certaines dominantes, d'autres maternantes, des femmes plus expérimentées que les hommes. Elles ne sont pas toutes du même acabit, elles sont différentes les unes les autres, ce qui montre la complexité de leur nature. L'écrivaine ellemême incarnait le modèle de la femme indépendante et consciente, à la fois sensible et ouverte d'esprit. Le présent travail nous a permis de nous plonger dans l'oeuvre de Colette et d'étudier en détail une question qui était d'une grande importance pour l'auteure. Le cycle des Claudine, dans laquelle l'autobiographie se mêle à la fiction littéraire, nous montre la manière dont l'écrivaine percevait non Références citées Littérature primaire open in new tab
  6. Colette, SidonieGabrielle (1964) Claudine en ménage. Paris : Mercure de France.
  7. Colette, SidonieGabrielle (1992) Claudine s'en va. Paris : Albin Michel.
  8. Colette, SidonieGabrielle (1994) Claudine à l'école. Paris : Albin Michel.
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